Pas facile de conclure avec une fille, en ces temps où ces dames mènent les hommes par le bout du nez. Aujourd’hui au Congo, pour beaucoup, la solution passe par le Bluetooth, un puissant excitant d’origine asiatique qui fait sensation. Gros plan sur la déferlante Bluetooth à Brazzaville.
Par Ifrikia Kengué
Si je vous dis Bluetooth, que me répondez-vous? Un système de transfert de données en téléphonie mobile? Pas seulement ! C’est aussi, au Congo, le nom d’un puissant stimulateur sexuel féminin. Voici plus de cinq ans que le commun des Congolais a fait la connaissance de cet excitant dont la principale vertu est d’attiser la libido des femmes.
Contenu dans un flacon en verre de 20 millilitres, le liquide transparent, sans saveur, serait d’origine indienne et chinoise, selon les inscriptions marquées sur le contenant. Ce produit, dont l’efficacité est vantée par ses revendeurs, pour la plupart des petits commerçants de rue, très souvent originaires de l’autre rive, ou des pharmaciens de rue, est utilisé à des fins un peu coupables.
»Les gens l’utilisent pour conclure rapidement avec une fille » avance Jean-Joseph, agent de sécurité dans une structure culturelle de la place. »Je l’ai utilisé sur une fille qui passait son temps à me soutirer de l’argent. Elle n’a jamais compris comment elle a fini la soirée dans mon lit, et le lendemain, elle m’a rappelé au téléphone pour s’en convaincre. Je lui ai même rappelé sa volupté » achève-t-il avec un sourire de triomphe.
Chez les hommes la prise du Bluetooth, a des effets moins dévastateurs que chez ces dames. Ce qui en fait un excitant plutôt féminin. »Ce produit a beaucoup plus d’effet chez la femme », assure Guélor, 28 ans, barman au Balafon, un des nganda chauds de Brazzaville. »Je l’ai essayé sur ma copine parce quelqu’un m’en avait vanté les mérites », ajoute t-il.
»… Et bien entendu, au bout d’une dizaine de minutes, elle a commencé à se tortiller sur son siège, les appels de pieds n’ont pas tardé à se faire, … elle croisait et décroisait sans cesse ses jambes, on dirait qu’elle avait un brasier à son bas-ventre… la suite, je vous laisse l’imaginer … témoigne t-il, le souffle encore un peu haletant au souvenir de cette expérience. »…Il a fallu assurer jusqu’au bout, … J’en ai eu pour mon compte. Désormais, elle ne peut plus s’en passer, moi non plus d’ailleurs » conclut-il, le regard malicieux.
Le Bluetooth, dont la composition échappe aux utilisateurs, est d’une accessibilité déconcertante. Au coin d’une rue, dans un nganda, on se le procure aisément, pour la modique somme de 1 000 francs ou 1 500 francs Cfa. Ce sont les jeunes qui en sont les plus friands. A côté de lui, les aphrodisiaques de seconde catégorie, vendus dans les pharmacies de rue comme le Kifaru, Django, Man & Woman, ou autres Vigoral…, semblent faire pâle figure.
Risques de santé
Toutefois beaucoup émettent des réserves quant à l’utilisation de ces produits. Leur incidence serait néfaste pour la santé. Plusieurs anecdotes courent, en effet, sur ce sujet, dont celle de cet homme de 50 ans qui aurait succombé à un arrêt cardiaque au cours de ses ébats avec une jeune fille, à la suite de la prise d’un produit s’apparentant au Bluetooth.
»Ce sont souvent des produits dont l’origine est incontrôlée. Nous n’en vendons pas, parce qu’ils peuvent se révéler dangereux pour la santé. Nous déplorons d’ailleurs sa consommation parce que les aphrodisiaques ou autres excitants se délivrent sur prescription médicale », explique Alain, pharmacien en face du C.H.U de Brazzaville.
»Il est bien dommage que les jeunes s’adonnent à ce genre de produits. Il est insensé pour un jeune de se doper parce qu’à cette étape de la vie, il est supposé être vigoureux. Aujourd’hui, avec tous les AVC (Accident vasculo-cérébral ndlr) que nous enregistrons, ces produits sont d’autant plus dangereux, sans compter les risques d’infection au Vih-Sida qui guettent ces jeunes ’’, renchérit le Dr Koutana, chirurgien au C.H.U.
La stimulation sexuelle à distance se fait, dans la plupart des cas à l’insu de la personne concernée. Aussi ces instants de plaisir tourneraient bien vite en bacchanales. Ce qui expliquerait la gêne de certaines victimes de Bluetooth. Créance témoigne: »Ma sœur P. a fini une soirée dans une chambre où elle a eu des relations sexuelles avec près d’une dizaine de garçons. Je lui ai demandée si ils avaient abusé d’elle, mais elle m’a avoué que non, elle semblait plutôt consentante… ». …plus tard je l’ai sentie un peu honteuse et choquée de l’avoir fait » souligne-t-elle. » Ce fait révèle une réalité actuellement banalisée par les Congolais.
Quoiqu’il en soit, le phénomène Bluetooth vient dévoiler les mentalités sexuelles de plus en plus déchainées des Congolais. En tout cas l’acte sexuel est une démarche qui recourt au consentement mutuel. Au lieu d’être victime, ces dames devraient plutôt être sollicitées afin de trouver leur épanouissement à travers cet acte. N’oublions pas que c’est un instant de partage, de confiance,… et non d’abus. Attention aux dérives !