A Brazzaville, les pubs se peignent les murs des boutiques. Œuvre d’art de peintres décorateurs, ces créations publicitaires font office d’ornement et d’enseigne. Petit aperçu.
Elles sont sur tous les pans des magasins d’alimentation générale, quincaillerie, salon de coiffure ou autre commerce. Les peintures publicitaires présentent un morceau choisi des produits proposés par la boutique.
Exécutés par des peintres décorateurs ou des dessinateurs, ces illustrations désormais indispensables enjolivent les façades des magasins. « C’est pour faire joli et attirer les clients », assure Silla, gérant d’une quincaillerie sur l’avenue de l’UA à Bacongo (2ème arrondissement).
Au-delà de la déco, ces peintures rupestres sont de véritables enseignes. « Tout le monde ne sait pas lire, donc les dessins c’est aussi pour informer les clients sur les produits que nous vendons dans nos boutiques », renseigne Théodore qui tient quant à lui un commerce dans le 5ème arrondissement de Brazzaville.
La pratique s’est généralisée jusqu’aux établissements scolaires privés qui misent sur le visuel et rivalisent en illustrations originales. «Je suis passée devant cet établissement et ma fille s’est extasiée devant les dessins qu’il y avait sur le mur. J’ai fini par l’y inscrire en maternelle », confie Aubierge, habitante du Plateau des 15 ans, dans le 4ème arrondissement.
Œuvres d’art éphémères
Ces peintures sont du pain béni pour les peintres décorateurs qui engrangent les commandes. Elles sont en effet souvent renouvelées, tous les six mois ou une fois dans l’année selon leur vétusté. Les tarifs de décoration débutent à 40 000 frs Cfa, en fonction des dimensions du magasin ou de l’espace à décorer. Ils sont toutefois en nette augmentation depuis le lancement de l’opération d’expulsion des ressortissants de la RDC.
« Avant l’arrivée de nos frères d’en face, nous proposions par exemple un million de francs Cfa pour la réalisation d’un grand panneau. Mais, les prix sont tombés jusqu’à 100 000 frs pour le grand panneau ou à 15 000 frs pour les formats qu’on faisait avant à 150 000 frs », témoigne Blood Malonga, peintre décorateur, responsable de l’atelier Blood Art.
Si elles sont perçues comme des œuvres d’art par la plupart des peintres, elles restent de l’art éphémère. « Il y a des boutiques qu’on peint en grand format. On s’y applique tellement que c’est décevant quand il faut repeindre l’année d’après. C’est là la différence entre la peinture sur mur et sur toile. Quand tu vends une toile, elle est éternelle », regrette Blood Malonga.
« Nos seules consolations c’est que nous travaillons avec de la peinture industrielle qui revient moins chère. Nous avons aussi la possibilité de réaliser un catalogue photo de nos œuvres, et surtout nous nous retrouvons financièrement », achève t-il.
De quoi susciter des vocations…