Que disent les Kongo des Ngala, les Ngala des Téké et les Teké des Kongo? Au Congo-Brazzaville, les clichés entre les différents groupes ethniques sont légions. Négatifs, discriminatoires mais parfois positifs, le regard que les uns portent sur les autres est à l’image de la société congolaise: clivée. Décryptage.
« Les Kongo sont radins, ce sont des mangeurs de poisson salé tribalistes c’est connu … les Ngala n’ont aucun sens du commerce, ce sont des arriérés qui « chient » dans l’eau, les Tékés ont la dent dur, ce sont des fétichistes…! »
Des clichés qui porteraient à sourire. Vécus ou entendus, ils sont repris par les différents groupes ethniques congolais.
« On dit que les femmes Ngala n’aiment pas l’école et que les femmes Kongo sont entreprenantes… que les Ngala ont une autorité naturelle, que les Kongo sont pingres et égoïstes »
« Devant les gens, le Kongo fait comme s’il n’a pas d’argent, il est radin (…) »
« Les Kongo sont sauvages et impolis, les Ngala font leur selle dans l’eau c’est ce qu’on dit… tant que le problème ne sera pas résolu ce sera difficile (…) »
A l’image de la diversité nationale, les clichés pourtant anodins ont évolué avec le temps et se sont cristallisés dans les inconscients des ressortissants des peuples respectifs comme un élément fondamental de différence politique, entraînant un repli identitaire.
Une approche qui trouve ses sources dans l’histoire politique et sociale du pays comme l’analyse Matondo Kubu Ture, ancien professeur de sociologie de l’université Marien Ngouabi de Brazzaville.
« Il n’ y a pas de société sans préjugés, toutes les sociétés développent des clichés (..), le drame chez nous c’est que les préjugés sont nés sur des problèmes de compétition autour du pouvoir ».
Les pesanteurs du contexte historique ont fait aujourd’hui du sujet une question taboue. Explications du sociologue.
Face aux drames aux relents ethniques vécus par le pays, ils sont nombreux à porter un autre regard sur les clichés. Ils sont artiste, enseignant, agent immobilier et proposent des approches pour désamorcer la question sensible du tribalisme.
« Le tribalisme est une fabrication qui a intégré notre esprit ( …) »
« Il faut qu’on comprenne notre histoire (…) »
« Nos divergences font partie de nos richesses (…) »
« Les gens vivent le tribalisme sur le niveau émotionnel (…), mettre notre histoire à la portée de tout le monde, il faut libérer notre histoire qui n’est pas connue », poursuit Matondo Kubu Ture qui explore les possibilités de déconstruire la question de l’ethnocentrisme.
Difficile de dépasser des conceptions ancrées et maintenues dans les inconscients pour divers intérêts. Pour notre part, nous défendons une vision, incarnée dans le logo même de notre agence KDB Group, initiatrice d’Ifrikiamag. (cf encadré ci-dessous).