Les machines à sous chinoises débarquent dans les quartiers populaires de Brazzaville. Avec une mise à partir de 100 frs Cfa, cette activité de rue attire de plus en plus de jeunes joueurs et reste non réglementée. Décryptage.
Jouer aux machines à sous dans les rues de Brazzaville. La nouvelle distraction à la mode sur les artères de certains quartiers de la capitale congolaise séduit de plus en plus de monde.
Communément appelé « casino », en référence au espace approprié pour ce type de jeux, les machines à sous font florès un peu partout.
Sur la devanture d’un nganda (bistrot à ciel ouvert) près de la station de bus Angola libre dans le 2ème arrondissement de Brazzaville, des dizaines de personnes se bousculent devant des caissons aux multiples boutons.
La mise se fait à coups de pièces de 100 frs. Un passe temps parmi d’autres pour certains utilisateurs.
L’usage est facile et assez addictif. Arnold, jeune employé de banque, qui, en attendant d’emprunter son bus joue devant une des machines explique le mode d’emploi.
L’activité est lucrative. Herbert, disquaire et par ailleurs tenancier, explique: « Ce sont des Chinois qui proposent les machines à d’éventuels tenanciers comme moi. Il y en a qui sont venus me voir et m’ont proposé de mettre la machine devant mon commerce. Les machines arrivent déjà avec un fonds de départ, et moi je gagne 20% des recettes du bénéfice, en ne faisant presque rien. »
Un public majoritairement mineur
Le principe est rôdé et repris dans les quartiers populaires avec un succès évident bien que l’activité ne soit absolument pas réglementée.
Devant la machine à sous que tient le disquaire, Junior, un gamin de 10 ans, déboule en trombe devant la machine, y glisse une pièce et pianote les combinaisons avec une excitation évidente.
Déçu de ne pas avoir gagné, il reprend sa course avec les quelques pièces qui lui restent pour tenter sa chance sur une autre machine plus loin, en lâchant « je suis pressé, faut que je gagne ».
S’il est inscrit « strictement interdit au moins de 18 ans » sur les machines, le public est majoritairement mineur. Des enfants âgés de 9 à 15 ans comme en témoigne Thierry.
Les parents inquiets
La multiplication des machines à sous éveillent l’inquiétude des parents. Perplexes face à l’ampleur de cette activité, ces derniers s’inquiètent de l’influence qu’elles exercent sur les plus jeunes et notamment sur leur côté addictif et interpellent les autorités.
Au-delà d’être une activité complètement illégale, les machines à sous chinoises et leur prolifération dans les quartiers sont clairement une incitation au gain facile et à l’oisiveté. A l’heure où les autorités congolaises dénoncent la montée de l’incivisme auprès des jeunes, une urgente réglementation de cette activité parait nécessaire.